58L’orchidée est sans aucun doute l’une des plus belles réussites de l’évolution végétale récente (environ 20 Millions d’années). En effet, autant par son apparence foisonnante, gracieuse et colorée que par sa biologie tout à fait particulière, l’orchidée intéresse et fascine.
Forte de 25 000 à 30 000 espèces, la famille des orchidées est immense. La plupart de ces espèces vivent au niveau des tropiques, véritables hotspots de biodiversité. Cependant, certaines ont eu la bonne idée de s’acclimater au climat de la France métropolitaine, si bien que l’on y compte 145 espèces différentes d’orchidées.
Les orchidées mâles sont en fleurs actuellement au terril de Morteru. C’est donc l’occasion de faire un rapide focus sur ce végétal et de rappeler à quel point il est remarquable.

 

Une anatomie caractéristique

Sous les tropiques, les orchidées sont des plantes épiphytes, c’est-à-dire qu’elles poussent directement sur les arbres, de la même manière que le lierre ou les lianes. Cependant, toutes les espèces européennes d’orchidées sont des plantes terrestres vivaces formées d’une partie souterraine et d’une partie aérienne.
Concernant la partie souterraine, il est bon de savoir, qu’en plus des racines, l’immense majorité des orchidées vivaces ont un bulbe souterrain permettant la survie, d’une année sur l’autre, de la plante. 
La partie aérienne, elle, est composée :

- D’une tige, haute de 20-30 centimètres en moyenne, et la plupart du temps pleine.

- De feuilles lancéolées (allongées), lisses et engainantes (cf schéma ci-dessous)

feuille

- Des fleurs disposées la plupart du temps en épi, à symétrie verticale et possédant un labelle.

Une biologie fascinante expliquant sa rareté

La germination des orchidées est un événement biologique qui ne pourrait avoir lieu sans l’association de deux êtres vivants, d’une part l’orchidée et d’autre part un champignon du genre Rhizoctonia. Précisons les choses.
On le sait tous, certains végétaux se reproduisent grâce à des graines. La majorité de celles-ci contient les réserves nutritives nécessaires à la germination et la croissance du jeune plant émergent. Cependant, d’autres, dont celles des orchidées vivaces, ne possèdent pas ces réserves assurant l’autonomie de la graine une fois enfouie.
Pour qu’une graine d’orchidée puisse germer, il faut que celle-ci se laisse partiellement infesté par un champignon particulier. Les études menées tendent à démontrer que le champignon élèverait la teneur en sucres de la graine, libérerait quelques vitamines et enzymes nécessaires à la germination de l’orchidée. Ainsi, on peut dire que le champignon joue le rôle d’une paille, dont la graine se sert pour se nourrir.
De plus, tout n’est équilibre. En effet, pour que l’association soit bénéfique il faut un juste équilibre de l’infection de la graine par le champignon. Trop envahissant ou pas assez et la plante ne peut se développer.
En échange de ce service rendu, la plante, une fois développée, nourrira à son tour le champignon qui restera sur la surface des racines et du bulbe nouvellement formés.
Ce mécanisme d’association du vivant avec service rendu des deux côtés est appelé « symbiose » dans le jargon scientifique. Comme autres exemples de symbioses, nous pouvons citer le lichen, qui est une association entre une algue et un champignon, ou les coraux qui associent une algue unicellulaire et des invertébrés.

Ainsi, la prochaine fois que vous trouverez une orchidée sauvage, rendez-vous compte du caractère exceptionnel de cette rencontre. Pour qu’une graine minuscule, emportée au gré du vent, atterrisse à un endroit où un champignon particulier est présent, il en faut des milliers d’autres qui atterrissent au mauvais endroit et ne peuvent jamais croître.

59