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La rubrique de Pierre Agnola

des stratégies pour passer l’hiver

6Il frappe à notre porte. Les gelées matinales tapissant de blanc les paysages sanvignards ne trompent pas : l’hiver est là. Cette période impacte très fortement la nature environnante, notamment la flore, en raison d’une intensité lumineuse faible qui induit des températures basses. Par exemple, le sol hivernal étant parfois gelé pendant de longues périodes, l’eau est inexploitable par les racines des arbres.
En hiver le mot d’ordre des végétaux, c’est résister le plus efficacement possible au froid et au peu d’ensoleillement. Bon nombre de végétaux se mettent alors en « vie ralentie » ou « dormance ». Quelles sont ces stratégies pour passer l’hiver et en quoi diffèrent-elles ?

1 - Les arbres feuillus, comme évoqué dans la précédente rubrique, perdent leurs feuilles. Ce phénomène leur permet d’économiser leur réserve en eau en évitant l’évapotranspiration par les feuilles. Aussi, grâce aux réserves accumulées durant le printemps et l’été, des feuilles en devenir se trouvent en bout de chaque branche et sont protégées par une écaille protectrice : ce sont les bourgeons.

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2 - Les conifères ne perdent pas leurs aiguilles (à l’exception du mélèze d’Europe, visible sur le terril de Morteru notamment !). Ceci est possible car celles-ci sont recouverts d’une fine couche de « cire » permettant de diminuer drastiquement les pertes en eau. De plus, dès le début de l’automne, et jusqu’au début du printemps, leur feuillage devient plus sombre pour mieux capter l’énergie solaire. Un processus similaire permet également au houx rustique et au gui de conserver leurs feuilles durant l’hiver.

3 - D’autres végétaux préfèrent passer l’hiver sous la forme d’organes de réserve, souterrains le plus souvent, ce sont les bulbes ou tubercules. Ceux-ci sont des organes riches en réserves nutritives, protégés du froid car suffisamment enfouis, qui permettent à une nouvelle plante d’apparaître au printemps. C’est le cas des jacinthes, des jonquilles, mais également des oignons ou des poireaux.

 

74 - Le cas abordé précédemment comprend les végétaux dits vivaces, qui survivent à l’hiver sous formes d’organes de réserves. Cependant, d’autres sont qualifiés d’annuels ou bisannuels. C’est-à-dire qu’ils meurent au début de la mauvaise saison. Cependant, comme la nature est bien faite, ceux-ci ont eu la bonne idée de produire des graines, disséminées durant l’été. La bourrache, les myosotis ou le mouron rouge sont des exemples de plantes annuelles.

 

Qu’est-ce que la dormance ? Et comment les plantes entrent-elles en dormance ?

La dormance est le processus biologique caractérisant l’entrée d’un organisme vivant en « vie ralentie » particulière et profonde suite à des conditions défavorables. En effet, que cette dormance se manifeste dans un bourgeon, une graine ou un bulbe, ce phénomène implique des changements métaboliques importants ! La respiration et le dégagement de chaleur sont infimes, les échanges nutritifs sont nuls, il n’y a donc ni croissance ni synthèse.

Ainsi, l’entrée en dormance s’effectue grâce à des capteurs présents sur la plante, qui lui permettent de déceler une baisse de température, d’hygrométrie ou d’intensité lumineuse. Bref, les plantes sont capables de voir venir l’hiver aussi bien que nous !

Le gui

(viscum album).

gui1un végétal hors du commun. 
(boule de gui au bois d'Uxeau)
Vénéré chez les Celtes, le gui était l’objet d’une fête célébrant le solstice d’hiver : durant celle-ci, le druide du village se chargeait de la cueillette (et s’appelait peut-être Panoramix, qui sait ?). Nombreux sont les mythes et traditions autour de lui, témoignant du caractère mystérieux qu’il représente pour l’esprit humain.
En effet, le gui est l’une des plantes terrestres les plus étranges, à la fois par sa morphologie et sa biologie. Partons à sa découverte.

Première caractéristique surprenante : le gui est un hémiparasite.
C’est-à-dire que son activité chlorophyllienne est insuffisante pour subvenir à ses besoins métaboliques. Ainsi, le gui parasite un arbre « hôte » : via des suçoirs plantés dans l’écorce, il va prélever des sels minéraux et de l’eau.
Comme vous pouvez vous en douter, la compagnie du gui n’est pas sans conséquences pour l’arbre hôte. En effet, celui-ci est bien souvent affaibli par cette association. Cependant, il est parfois compliqué de savoir si c’est l’affaiblissement antérieur de l’arbre qui a favorisé l’implantation du gui, ou si le parasite est seul responsable de l’affaiblissement de l’hôte.
Aussi, certaines recherches en cours mettraient en avant un impact bénéfique du gui sur l’arbre l’accueillant. A suivre …

Ensuite, la forme de ce végétal est également caractéristique : un arbrisseau en boule.
Cette morphologie particulière est due à un mécanisme au nom barbare : la ramification dichotomique. Essayons de comprendre :

La première année, le petit gui possède une tige courte munie de deux feuilles et surmontée de bourgeons axillaires. L’année suivante, des bourgeons opposés vont se développer donnant naissance à deux nouveaux rameaux, eux-mêmes terminés par une paire de feuille tandis que le bourgeon terminal avorte. Ce processus se poursuit l’année d’après et ainsi de suite. Par conséquent, il est possible de connaître l’âge d’un plant de gui grâce au nombre de ses ramifications.

gui0   gui01

Enfin, les années suivantes, des rameaux supplémentaires (généralement 4) apparaissent aux nœuds des années précédentes, accentuant le port en boule du gui.

Une autre particularité : le gui est une plante dioïque.
Ceci signifie que les fleurs mâles et femelles sont portées sur deux pieds différents se développant sur le même arbre ou sur deux arbres différents. Cette caractéristique n’est présente que chez quelques espèces comme l’ortie ou les salicacées (peupliers et saules notamment).
Comment les différencier ? C’est très simple, les pieds femelles sont ceux portant les baies blanches caractéristiques du gui.

Les fleurs apparaissent au début du printemps. La pollinisation est assurée par les insectes (on dit qu’elle est entomophile). De cette pollinisation découle l’apparition des fruits du gui, les fameuses baies blanches. A noter qu’avec la symphorine, le gui est la seule espèce végétale indigène en France à posséder des fruits de couleur blanche.

gui2  gui3

La dissémination des graines est assurée par les oiseaux
L’histoire d’un pied de gui commence par le transport des graines par les oiseaux frugivores, plus précisément baccivores (amateurs de baies). Certains oiseaux tels que les grives draines (dont le nom latin viscivorus est curieusement proche du viscum du gui) sont particulièrement friands des baies blanches du gui. Lors du transit intestinal, la pulpe est digérée mais les graines enrobées de viscines sont rejetées dans les fientes. Ainsi, comme la nature est bien faite, la viscine permet à la graine de se coller à une branche pour former quelques temps après une nouvelle boule de gui. Maintenant que le cycle de vie du gui n’a plus de secret pour vous, la question de la répartition du gui dans la nature reste encore sans réponse. Tout d’abord il faut savoir qu’il existe 3 sous-espèces de gui :

  •  Le gui des feuillus
  •  Le gui des pins
  •  Le gui des sapins

gui4Seules des différences morphologiques minimes différencient ces 3 sous-espèces (taille des feuilles, des fruits, …), cependant, jamais un gui des feuillus ne pourra se développer sur un pin ou un sapin.

Aussi, en parcourant la campagne durant l’hiver on constate facilement que le gui est beaucoup plus fréquent sur certaines espèces d’arbres. De même il arrive fréquemment de rencontrer deux arbres voisins, de la même espèce mais inégalement pourvus en gui.

Ainsi, on retrouve le plus souvent du gui sur des pommiers et des peupliers même s’il se développe sur de nombreuses autres essences d’arbres. Par contre, vous ne trouverez quasiment jamais du gui sur du hêtre. Pourquoi ? La science n’est pas encore capable de le dire …

De nombreuses études sont en cours, ayant pour but d’étudier cette compatibilité mystérieuse entre le gui et certains arbres.

Quand on commence à étudier le gui, on comprend très rapidement la fascination qu’il engendre, 3 pages sur celui-ci ne permettent qu’une approche globale sur le sujet. Cependant, j’espère que dorénavant, lorsque vous rencontrerez une boule de gui au détour d’un chemin, l’envie vous prendra de la regarder avec un œil neuf. Quel âge a-t-elle ? Est-ce un pied mâle ou femelle ?  Sur quelle essence d’arbre est-elle ? Autant de questions et de curiosités qui donnent une tout autre dimension à la nature environnante.

 

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